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Août au jardin

IMG_0527.jpg La nuit d’Août

 

LA MUSE

 

Depuis que le soleil, dans l'horizon immense,

A franchi le Cancer sur son axe enflammé,

Le bonheur m'a quittée, et j'attends en silence

L'heure où m'appellera mon ami bien-aimé.

Hélas ! depuis longtemps sa demeure est déserte ;

Des beaux jours d'autrefois rien n'y semble vivant.

Seule, je viens encor, de mon voile couverte,

Poser mon front brûlant sur sa porte entr'ouverte,

Comme une veuve en pleurs au tombeau d'un enfant.

 

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Pourquoi, coeur altéré, coeur lassé d'espérance,

T'enfuis-tu si souvent pour revenir si tard ?

Que t'en vas-tu chercher, sinon quelque hasard ?

Et que rapportes-tu, sinon quelque souffrance ?

Que fais-tu loin de moi, quand j'attends jusqu'au jour ?

Tu suis un pâle éclair dans une nuit profonde.

Il ne te restera de tes plaisirs du monde

Qu'un impuissant mépris pour notre honnête amour.

Ton cabinet d'étude est vide quand j'arrive ;

Tandis qu'à ce balcon, inquiète et pensive,

Je regarde en rêvant les murs de ton jardin,

Tu te livres dans l'ombre à ton mauvais destin.

Quelque fière beauté te retient dans sa chaîne,

Et tu laisses mourir cette pauvre verveine

Dont les derniers rameaux, en des temps plus heureux,

Devaient être arrosés des larmes de tes yeux.

Cette triste verdure est mon vivant symbole ;

Ami, de ton oubli nous mourrons toutes deux,

Et son parfum léger, comme l'oiseau qui vole,

Avec mon souvenir s'enfuira dans les cieux.

 

Alfred de MUSSET   (1810-1857)

 

 

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